Le mot
pouvoir appartient au même registre que vouloir, devoir ou avoir, un verbe devenu substantif.
On parle d'ailleurs, de la même façon, au substantif, de devoirs, de bon vouloir, ou même d'un avoir.
Le pouvoir semble donc correspondre davantage à une intention qu'à une action, tout comme vouloir, devoir, ou même avoir (puisque finalement "j'ai" correspond davantage à un désir de posséder qu'à une possession réelle, totale, permanente).
En tous cas le vrai pouvoir, à mon sens, n'est pas celui qu'on croit habituellement.
Le plus souvent on pense que le pouvoir est celui qu'on exerce sur les autres ou sur les choses, donc sur l'extérieur.
Ça a donc à voir avec une volonté de contrôle.
Qui correspond à un manque en nous, à des peurs.
On n'arrive pas à
se maîtriser, on manque de
pouvoir personnel, donc on cherche à
contrôler l'extérieur, à commencer par les autres.
Pouvoir sur les autres, voire contre les autres.
Là ça a à voir avec une volonté de nuire, un besoin plutôt. Pour des raisons tenant au besoin de contrôle.
Ce pouvoir peut revêtir de multiples aspects.
Depuis le subtil chantage affectif jusqu'à la contrainte physique voire les atteintes à l'intégrité corporelle en passant par la manipulation, le dénigrement, la flatterie, les menaces, la séduction, etc.
Mais je pense que le "vrai" pouvoir n'est pas un pouvoir
sur les autres voire
contre les autres, mais un pouvoir
sur soi.
Ce qui revient au pouvoir personnel.
Dans un premier temps, pouvoir sur soi, et non sur les autres.
Et, mieux, un pouvoir
avec les autres, et même
pour les autres.
Si on peine à exercer notre pouvoir personnel, c'est parce que le pendant de ce pouvoir est la
responsabilité.
En exerçant notre pouvoir personnel, non seulement on ne cherche plus à contrôler les autres (donc à les priver d'une part de leur pouvoir personnel), mais on ne peut plus non plus reporter sur les autres notre propre responsabilité. On ne peut plus accuser, culpabiliser, se victimiser, etc.
Et on ne cherche plus non plus à priver les autres de leur responsabilité, on la leur laisse, ce qui peut justement nous exposer à des reproches.
On sort, somme toute, d'une logique de dépendance, et de la fameuse triangulaire victime/bourreau/sauveur.
Je me suis demandé quelles étaient la différence et la relation entre le pouvoir et la puissance.
Je pense que le pouvoir correspond à l'intention et à l'action, alors que la
puissance est une sorte de capital, une réserve, une énergie, un
potentiel. Qui peut être un capital pour contrôler ou pour nuire comme un capital pour aider et donner.
Cette puissance, si elle est maîtrisée, devient du pouvoir. Ou plutôt, la puissance est un potentiel, le pouvoir est une activation de ce potentiel.
Sans
maîtrise, la puissance n'est rien - ou peut être nuisible.
Et plus cette puissance est importante, plus il est difficile de la maîtriser.
Je dirais que chercher à exercer, en toutes circonstances, notre pouvoir personnel, en se maîtrisant, en prenant ses responsabilités, en cessant de contrôler les autres ou de les laisser nous contrôler, en sortant de la logique victime/bourreau/sauveur, en étant indépendant, est au cœur de toute voie spirituelle, quelle qu'elle soit.
Et cela rejoint le processus d'individuation (devenir soi-même) dont parlait Jung.
Et j'ajouterais que j'ai tendance à penser qu'être dépendant de Dieu reste une forme de dépendance, du moins si on tend à personnifier Dieu et à le voir comme extérieur à nous. Mais c'est un point de vue personnel qui n'engage que moi.